Le tout premier au Centre !

J’étais le 15 septembre 1952, vers 10 heures du matin, le tout premier enfant à pénétrer au centre d'Herauritz, j’avais six ans et demi.
D’autres enfants sont arrivés plus tard dans la journée et nous fûmes environ une dizaine à passer notre première nuit dans cet immense bâtiment. L’ascenseur n’était pas encore installé, seule la fosse était prête qui l’attendait. Les monitrices nous montaient à bras le corps pour rejoindre les dortoirs situés au premier étage.
J’y suis resté à Hérauritz,  deux ans d’affilé. Je me souviens de Mme Loustallet, notre institutrice. C’est avec elle que j’ai appris à lire, écrire et compter. Je me souviens des cabanes que nous faisions à l’arrière du bâtiment près de la cuisine. (Lire la suite ici)

Jean-Michel Royère  -  1952 à 1961 

Je m'en souviens, comme si c'était hier !

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai retrouvé le centre pour cet anniversaire, le 22 septembre 2022. Le réfectoire qui est resté le même. Je me souviens des bons repas que l'on nous servait mitonnés par Jeannot et Pierrot. Nos goûters où toutes les friandises reçues de nos parents étaient mises en commun, pour que chaque enfant puisse en profiter de façon équitable. À Noël, le grand sapin était dressé au fond du réfectoire, il me paraissait immense. Les dortoirs étaient alors décorés d'étoiles et de guirlandes et nous avions, chacun, un joli petit cadeau (j'ignore qui les offrait ?).
Les dortoirs possédaient 8 lits métalliques. Les grands lavabos communs, du couloir, ont disparu. Il me semble que l'eau était toujours froide pour la toilette quotidienne . Nous prenions un bain par semaine dans une grande salle de bain. Nous avions les vêtements du dimanche, pour aller à la messe (seule petite sortie !) et des vêtements propres, tous les lundis.
Je me souviens de M. Durruty le factotum qui servait aussi de chauffeur, il aimait beaucoup les enfants, je me souviens aussi de Mlle Hêlène du jardin d'enfants, de Mme Bordais la sous-directrice, un peu sévère, de Mlle Maïté une monitrice, de M. Schumacher et M. Vacqué, tour à tour directeurs de l'établissement et bien sûr de tous les copains et copines qui ont partagé mes séjours : Pierrette Perez - Janine Corradi - Gisèle Négro - Évelyne Moulanier - Zorha Abdel Fatha - Élisabeth Dan Van Tang - Christian Lassere - Patrick Arnaïs - Bernard Valette - Patrick Van Ouestratem et Françoise Olletta et Joël Lalizou, hélas décédés.

Jacqueline Lavergne-Demarthe - 1955 à 1966

Mes grandes vacances

Ce n’est que plusieurs années après avoir quitté Herauritz, que j'ai pris conscience à quel point le Centre avait compté pour moi. Tout ne fut pas idyllique bien sûr. L’éloignement de la famille, les douloureuses séances de rééducation, le personnel parfois un peu sévère, de même que la dureté entre nous. Mais au final le temps a fait le tri des bons et mauvais jours. Il ne me reste que les bons moments passés dans ce petit coin du Pays-Basque entre copains, à jouer au baby-foot, au ping-pong, à faire des cabanes dans le parc, nos parties de pêche sur la Nive... Ainsi que les excursions au musée de la mer à Biarritz ; Les fêtes de Bayonne ou du balcon de la mairie nous étions aux premières loges pour voir les défilés de chars suivis des danses et des chants basques ; L'étape du tour de France qu'on nous amenait voir en bus sur la nationale entre Cambo les Bains et Ustaritz ; Le petit train de la Rhune qui nous fit monter tout en haut de la mythique montagne basque (cliquer ici).
Mes premières années à Herauritz, j’étais pensionnaire à l'année ; combinant rééducation et école et ne rentrant chez moi que pour les vacances solaires. Mais à partir de l'âge de 7 ans, je n'y retournais que les trois mois d'été. C’était alors mes jolies colonies de vacances, comme le chantait Pierre Perret à l'époque.

Michel  Bacabara  -  1960 à 1971

Mon arrivée à Herauritz

Je vais essayer de vous faire un petit topo selon mes souvenirs et ceux de ma maman. J'ai eu la polio en octobre 1958 suite à cela, j'ai passé un moment à l'hôpital de Bergerac puis je suis partie fin janvier 59 à l'hôpital Ponchailloux de Rennes. J'y suis restée environs deux à trois mois. Je ne me souviens plus de mon premier séjour à Herauritz (60 ou 61) où ils m'ont  appareillée afin que je puisse être autonome avec des cannes.
Séjours réguliers entre le centre et mon domicile près de Bergerac où j'ai poursuivi un parcours scolaire primaire. Puis opération sur Bayonne fin 1964 et retour maison courant 1965. Entrée en 6me en 1966 sur Bergerac et alternance entre l'internat et le centre jusqu'en 1970.  J'ai par la suite été sur Lamalou les Bains pour les vacances scolaires afin de poursuivre une rééducation complétée par de la kiné sur Bergerac. Je crois n'avoir rien oublié ou omis mais les archives compléteront certainement mes infos.

Nicole Servolle (née Montexier) – 1960 à 1970

Le Château ! Ma vie qui commence

J'avais trois ans et demi quand j'ai quitté la campagne tourangelle en compagnie de ma sœur Michèle, mon ainée de quatre ans pour aller faire ma rééducation au Pays Basque. Je n'ai aucun souvenir des années et mois qui ont  précédé ce départ, à part une image de ma chambre a l'hôpital pédiatrique de Tours qui m'a pris en charge lors de ma polio. 
De fin 1952 à fin 1959, mes nombreux séjours au Château furent entrecoupés de séjours ou vacances à coté de Tours où la famille avait déménagé en mon absence. Pour moi, il n'y avait rien d'étonnant à avoir ces deux vies, ces deux familles, la vraie à Hérauritz, et ma deuxième famille en Touraine.
C'est au château que j'ai appris la vie en société, le partage de l'affection de notre entourage, le gout des apprentissages scolaires, le Basque, et bien sûr, l'apprentissage de la marche que j'avais perdue en 1952, ce qui m'a rendu mon autonomie.
 J'y ai aussi acquis le goût des voyages et de la découverte d'autres lieux et appris à ne pas craindre ni la douleur ni l'effort. 
C'est peut-être grâce à la volonté du Dr Anne Barrière que cette vie a été pour moi tellement riche, les photos de l'époque attestent bien de notre joie de vivre. Cette visite collective du 15 mai a ranimé ces sentiments, malgré l'impression que la prairie gigantesque où nous partions en randonnée pour des pique-niques avait rétrécie !

Éliane Fuseau - 1952 à 1959

Presque la vie de Château

En arrivant à Herauritz, en février 1956, je n’imaginais pas que ma nouvelle vie de châtelain deviendrait un parcours initiatique. Je n’avais que cinq ans. Et pourtant…
Je venais de quitter ma maison natale où je vivais entouré de mes grands-parents, mes parents, ma sœur et de mon frère qui venait de naître. La déchirure fut douloureuse bien qu’elle me fût présentée comme étant « pour mon bien ». Comment pouvais-je l’entendre ?
Au fil du temps, entouré de monitrices bienveillantes et affectueuses et de camarades de mon âge, cette grande famille devint la mienne.
À Herauritz, j’appris à lire et à compter, j’appris à partager, à dépasser mes peurs, à accepter la réalité d’une vie un peu plus difficile que les autres.
Évoquer Herauritz, c’est me souvenir du Lazaret, de la classe de
Mme Loustalet, des séances de kiné avec Mlle Crouze, de la sévérité
de Mme Bordais, de l’humanité du directeur M. Vaquet, de l’affection
de Mme Marthe ma monitrice préférée, de la jovialité de Mlles Andrée, Maïté et Solange, de ma complicité avec mon camarade Hubert Crouzet. Toutes ces personnes m’ont aidé à grandir et forgé ma personnalité.
Près de soixante-dix ans plus tard, même si parfois les souvenirs embellissent la réalité, mon enfance au château d’Herauritz m’apparaît comme un matin ensoleillé, prémices d’une belle journée de printemps.
(Lire la suite ici)

Jean-Paul Condemine  -  1956 à 1960

Un Doudou pour la vie !

Hérauritz a longtemps été pour moi un mystère, ça l’est encore… J’avais deux ans et demi, en 1960 quand j’ai attrapé le funeste virus de la polio. J’habitais Bordeaux, mes parents, médecins tous deux, avaient décidé de reporter ma vaccination polio pour cause d’une réaction un peu trop inflammatoire au BCG, du moins c’est la version que j’ai parfois entendue.
J’avais déjà quatre frères et sœurs, le sixième de la fratrie était en route. Ma mère, épuisée a dû être hospitalisée, le cœur au bout du rouleau, et mon père déjà très absent avait entamé le chemin qui allait les mener au divorce, à l’abandon de sa famille, et à son addiction à l’alcool dont il ne se déferait jamais ou plus exactement, beaucoup trop tard. Je n’ai aucune photo d’Herauritz et encore moins de moi à cette époque. J’ai par contre de merveilleux souvenirs de Mme Barrière-Borchard et de M. Barrière son mari. Quand j’ai quitté Herauritz, je crois, aux alentour du CP ou CE1, ma mère remise de ses problèmes de santé et désormais seule, a dû dédier toute son énergie à ses six enfants tout en exerçant son métier de médecin conseil à la sécurité sociale comme on disait à l’époque.
J’avais ramené d’Hérauritz le Doudou que m’y avait offert Anne Barrière-Borchard, je l’ai toujours ! J’espère bien grâce à vous tous retrouver d’autres souvenirs et peut-être contribuer à la perpétuation de cette
histoire que nous avons en commun. A Bordeaux, elle et son mari, kinésithérapeute et armoire à glace, ne m’ont plus lâché. Chaque semaine, la poigne de l’un ou de l’autre m’ont malaxé, étiré et m’ont fait autant de bien à l’âme qu’au corps. Grâce à eux deux j’ai compris ce qu’est être fort, ce qu’est la volonté et ce que sont la bienveillance et l’excellence. La devise de Marc-Aurèle était affichée aussi dans son cabinet j’ai toujours pensé que c’était un bel idéal de vie. Je n’ai en revanche jamais su ou eu l’occasion de leur montrer suffisamment mon infinie reconnaissance, je le fais aujourd’hui devant vous.

Pierre Parrot  -  1962 à 1963

Autres témoignages du passé 

Lors de notre précédente visite à Herauritz, nous avons découvert dans les archives du Lazaret, des petites bobines de films, correspondant à un petit bilan individuel en salle de rééducation. Certains d’entre nous ont récupéré les leurs et ont pu les faire numériser.

Cliquez sur l'image ci-contre pour avoir accès à la liste des noms disponibles. Si vous souhaitez récupérer votre bobine faite nous le savoir et nous vous la ferons parvenir.